diarios de motocicleta

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Mange tes morts

 

Après avoir passée une semaine à Jakarta, l'exubérante capitale de l'Indonésie, nous voilà, mon père, Corinne, (sa compagne) et moi-même, partis pour 12 jours en direction de Sulawesi, autrement dit, les îles des Célèbes.

 

Point wiki : Sulawesi est le nom indonésien moderne, du français « Célèbes ». Ce nom signifie « trident de fer ». sula, du sanskrit trisula, « trident », l'un des attributs du dieu Shiva ewesi ou besi, « fer », dû à la forme caractéristique de l'île, sorte de « K » dont la branche supérieure s'incurve vers l'est.

 

Point moi : voilà c'est là, à l'étape 1.

 

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Sulawesie est connu pour 2 atouts principaux : son lagon d'un bleu transparent et ses rites funéraires. C'est donc par ce dernier attrait que nous avons entamé notre périple.

 

 

 

Les Torajas sont une ethnie indigène d'une région assez montagneuse (après le Pérou, je relativise). La plus grande partie de la population est chrétienne, les autres étant musulman ou animistes. En langue bugis, « to ri aya », qui signifie « gens d'en-haut ».

 

Avant le xxe siècle, les Torajas vivaient dans des villages autonomes, dans lesquels ils pratiquaient l'animisme et demeuraient relativement préservés de tout contact avec le monde extérieur.

 

Au début des années 1900, des missionnaires néerlandais furent les premiers à convertir les Torajas des hautes terres au christianisme.

 

Ils vivent principalement de l'agriculture, notamment du riz et des bêtes, et le système agraire est encore assez féodal (les riches terriens v/s la plèbe exploitée).

 

 

 

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Les maisons traditionnelles, les "Tongkonan", ont une forme étrange qui rappelle la ligne incurvée des cornes de buffle, animal sacré entre tous chez les Toraja. 

Chaque Tongkonan s'accompagne d'un ou plusieurs greniers à riz composés sur le même modèle.

 

La décoration des façades des maisons appartenant aux familles nobles est particulièrement travaillée et révèle une forte valeur symbolique : chaque motif et chaque couleur a un sens particulier. Le pilier qui soutient l'avancée du toit accueille les cornes de ces animaux sacrifiés lors des funérailles. Plus il y en a et plus la famille sera respectée !



 

 

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Au pays Toraja, les habitants ont la coutume “d'enterrer” leurs morts dans des falaises, avec des balcons où sont posées des poupées à l'effigie des défunts. Chaque caveau, fermé par un système de verrouillage secret, abrite les membres d'une même famille. 

 

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La mise au tombeau constitue un moment important du rituel. Le cortège funèbre s'arrête sur le chemin de la sépulture, les femmes et les enfants retournent au village car ils ne sont pas admis à escorter le mort jusqu'à son tombeau, aménagé dans une grotte. Enveloppée dans un linceul rouge et or, la dépouille est hissée le long d'un échafaudage, tandis que l'on ouvre la porte du caveau de la famille.

 

Les rites funéraires sont essentiels pour se concilier les faveurs des défunts notamment pour obtenir d'eux une influence bénéfique sur l'agriculture.

 

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Les tombes des enfants, quant à elle, sont creusées directement dans les arbres afin qu'ils puissent continuer à grandir et atteindre ainsi le royaume des morts. 

 

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En plus du rituel le jour de l'enterremment, il y a également toute la partie croyance qui oblige à sacrifier des buffles le jour des funérailles.

 

 

 

Le premier buffle immolé l'est toujours à l'ouest de la maison. La gorge tranchée par un violent coup de parang (sorte de machette), celui-ci va tomber et agoniser en quelques secondes.

 

 

 

Les enfants se précipitent pour recueillir son sang dans des tubes de bambou. Les Toraja croient que les buffles accompagnent le défunt au pays des morts. Pour l'aider à tenir son rang dans l'au-delà, on en immole le plus grand nombre. C'est là un signe de prestige.

 

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(oh ça va, vous n'êtes pas végétarien à ce que je sache ^^)

 

 

C'est pourquoi, pour les familles pauvres ou celles qui veulent un enterrement “en grandes pompes”, il peut s'écouler un an entre le décès du défunt et sa mise en bière et tant que la cérémonie funéraire n'a pas eu lieu, la personne est considérée comme "malade", to masaki' en langue toraja.

 

 

 

 

 

 

 

Ainsi, les rites funéraires torajas sont des événements sociaux majeurs qui durent plusieurs jours et qui réunissent souvent jusqu'à plusieurs milliers de personnes. 

Pendant ces jours-ci, les plus beaux habits traditionnels sont revêtus, les femmes font beaucoup la cuisine et les hommes mangent, boivent et fument beaucoup (moins, pour l'originalité, à ce niveau là, on repassera). 

 

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Si il peut s'écouler jusqu'à un an entre le décès et l'enterrement, la question du corps se pose.

Qu'en font-ils ? Comment le conservent-ils ? Et où ?

 

Il faut partir du postulat que selon les cultures, le rapport à la mort n'est pas le même. En France, on ne voit plus, ou très peu les personnes décédés, les veillées mortuaires se font rares et on ferme le cerceuil au moment de l'enterrement, de même il y a très peu de temps entre le décès et la cérémonie.

 

 

Chez les Torajas, on insert un liquide (à base de formol), dans le corps du récent défunt afin de pouvoir le conserver en état jusqu'aux jours du rituel. Dans les familles nobles, une pièce spécifique est dédiée au défunt. Dans les familles plus modestes il n'y en a pas …

 

 

Ainsi, débute ce fascinant voyage, à la culture beaucoup plus complexe et variée qu'il n'y paraît.

 

 

 



01/03/2017
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