diarios de motocicleta

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Mine de rien ...

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Premier jour de travail. Rendez-vous à 10 heures en salle de réunion.

Le premier objectif  de Qosco Maki est de sortir les jeunes des rues en leur offrant un endroit sécurisant où ils peuvent dormir entre eux, le dortoir étant surveillé par un éducateur. Le deuxième but étant de leur offrir une formation dans l’artisanat péruvien. Pour l’instant, il y a deux formations : menuiserie et boulangerie.

Ces formations expliquent ainsi  le fait qu’il n’y ait actuellement pas de filles. L’autre raison réside dans la hausse de la prostitution de mineurs à Cusco, notamment dû au tourisme. Enfin, dû aux touristes.  Généralement on s’en tient à la première explication. Lol.

Le secteur de la menuiserie attire davantage car l’association a réussit à développer un partenariat avec la plupart des hôtels de la région. Ainsi les meubles crées par les jeunes sont ensuite revendus aux hospedajes du coin. Les marges ne sont donc pas les mêmes entre un croissant et un sommier vendu au Hilton ‘s. De plus, les horaires sont plus contraignants pour les panaderos (boulangers) qui doivent travailler de nuit.

Actuellement il n’y a que deux panaderos au tallere (atelier). Cependant pour que la boutique fonctionne correctement, il faut un effectif de minimum 5 personnes. Il a donc été décidé par le maestro de la panadería que les deux apprentis feraient le travail supplémentaire dans leur intérêt, pour pouvoir continuer leur formation. Il a également été convenu qu’ils seraient payés en fonction de leurs horaires, soit deux fois et demi plus.

Edmúndo, un des deux jeunes est arrivé à l’atelier la semaine dernière en se plaignant des conditions de travail que l’association lui faisait subir, qu’il était exploité et qu’il allait partir. Les discussions avec le chef du tallere, avec les éducateurs et la présidente n’y ont rien fait. Il avait prit sa décision. Mardi Edmúndo, 13 ans, s’en est allé travailler à la mine.

 

Ici, lorsqu’un enfant part travailler à la mine, on ne le revoit pas. Parce qu’il est resté sur son lieu de travail qui est loin de Cusco, parce qu’il est décédé au vue des conditions de travail des mineurs (souvenez-vous des 13 chiliens), où tout simplement parce qu’en réalité il ne s’agissait pas de rabatteurs pour descendre à la mine…

En effet, les cartels de la drogue usent de subterfuges pour inciter les plus jeunes à venir. Ils leur font miroiter un salaire qui leur permettrait de sortir leur famille de la misère. Et lorsque les enfants sont un peu trop exigeants  sur leurs conditions de revendeurs ou qu’ils veulent sortir de cette tornade, les hommes des cartels  les laissent partir. Avec une balle dans la tête.

Voilà le contexte dans lequel j’arrive.

La tension est palpable entre les educadores.

Indah, la coordinatrice, m’avait rapidement briefé sur le climat orageux au sens propre et figuré du terme. Elle balaie les différents sujets et actualités de l’association pour en arriver au point brûlant qui divise l’équipe pédagogique. Je viens d’arriver et donc me garde bien de tous commentaires sur une situation et un pays que je ne connais pas encore suffisamment.

« Où commence l’exploitation infantile ? ».

J’assiste à un véritable débat politique entre les éducateurs.  Oh mais on dirait qu’ils s’écoutent ici ! Les points de vue s’entrechoquent et évoluent au fil des échanges. « Ils sont mieux payés, de quoi se plaint-il ? », « mais ils travaillent trop ! », « non, ils travaillent plus et sont payés plus » (oh merde, on m’aurait menti sur l’américa socialista ?!), « ce ne sont que des enfants  et ils travaillent plus de 10 heure consécutifs et de nuit ce qui est moyen pour une ONG », « ce ne sont plus des enfants, ils sont assez mûrs pour décider eux-mêmes »…

Un enchevêtrement d’arguments me fait face. Je ressors de la réunion avec l’impression d’avoir été plongée dans un bain trop chaud, trop vite.

Je comprends qu’en réalité, ici, l’urgence est quotidienne.



24/10/2014
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